Entretien avec Chris Elliott

Expert et membre du Conseil d’Administration du Fonds de Dotation Eugène et Marie Fournier.

chris-elliott

En tant qu’expert vous vous êtes penché sur toutes les forêts du monde. Vous avez exercé des responsabilités au WWF et accompagné des organisations et fondations internationales de renom. Quel est votre rôle au sein du Conseil d’Administration du Fonds de dotation du Groupe Fournier ?

Mettre mon expérience au service du Groupe, notamment sur la stratégie d’action du Fonds, la sélection des projets à soutenir, leur mode de financement. La difficulté étant de toujours utiliser le plus finement possible les ressources dont on dispose pour obtenir l’impact le plus important possible.

« Quels seront les moyens du Fonds ? »

— Nous avons fixé un budget de 300 000 € par an sur 3 ans. C’est à partir de ce niveau que nous estimons pou- voir obtenir un impact. Il n’y a pas de règle objective, mais « plus » créerait trop de dépendance pour l’action sou- tenue, et « moins » serait trop court pour en mesurer les effets. L’enjeu pour le Groupe n’est pas de « participer » mais d’être acteur avec des résultats.

« Comment allez-vous choisir les actions à soutenir ? Combien par an ? »

— Je pense qu’il est préférable de financer un nombre limité d’actions au début et de bien les accompagner. L’idéal serait de soutenir des projets sur 3 axes : pédagogique, social et scientifique.

« Des projets plutôt locaux, nationaux ou au-delà ? »

— L’ambition n’est pas liée au champ d’action. Il y a une synergie entre local et national. Un bon projet local peut se propager. À l’inverse, un projet national, même avec un budget important, peut connaître des difficultés pour s’appuyer sur les bonnes structures, trouver les bons relais. Il est souvent plus aisé de trouver des alliés au niveau local, plus motivés et faciles à fédérer qu’au niveau national ou international où intérêts et priorités peuvent diverger. Profiter de l’implantation très forte du Groupe Fournier au ni- veau régional peut constituer un socle de départ.

« Quelle est votre vision d’expert sur la forêt ? Sa santé ? »

— Le monde forestier est « visiblement » impacté par le réchauffement climatique. Il suffit de regarder par les fenêtres du Groupe, à Thônes, les taches brunes qui se répandent sur les forêts. Les conifères sont malades et périssent sous l’effet de la sècheresse et des parasites. Il y a des solutions. Remplacer les épicéas par des essences du sud par exemple.

« Pessimiste ou optimiste sur l’avenir de la forêt ? »

— Optimiste. On la croyait perdue à certains endroits du monde, mais il y a des signes d’espoir un peu partout. Le Brésil a réussi à ralentir son taux de déforestation de 80% de 2004 à 2010. Un effort malheureusement freiné par la suite, mais qui montre qu’inverser la vapeur est possible. L’Indonésie a progressé grâce à la pression des ONG sur les grands groupes pour qu’ils stoppent leurs achats d’huile de palme. Les effets ont été concrets. Au Népal, de nombreuses actions locales enregistrent des succès notables. La forêt réapparaît au Sahel. Même si tout ceci est fragile. Une synergie peut être trouvée entre la protection de la forêt et son exploitation, si cette dernière est raisonnée. Le bois est la matière renouvelable et recyclable par excellence. Il faut lui consacrer la recherche nécessaire pour créer de nouveaux usages, en tirer de nouveaux produits, de nouvelles énergies.

« Un dernier message personnel pour finir ? »

— Je souhaite que les jeunes générations ne soient pas coupées de la nature. Il faut leur faire découvrir et aimer la forêt. En Allemagne des instituteurs ont abandonné leurs salles de classe pour faire cours à leurs élèves en forêt. Même en hiver ! Cette initiative s’est ensuite répandue, en- couragée par le gouvernement. Inspirant non ?

Ensemble, agissons pour la forêt.

Le Fonds de Dotation Eugène et Marie Fournier a pour objet de soutenir toute action à caractère environnemental et contribuant à la protection de la biodiversité avec un axe prioritaire concernant les bois et forêts.